Le dernier jour de notre périple autour du lac Inlé, nous décidons de le consacrer à la découverte de la vie en montagne en compagnie de Peter San. Nous avons rencontré notre guide par hasard dans Nyaungshwe. Enfin pas tout-à-fait par hasard puisqu’il tient une petite « agence de voyage » à côté de notre loueur de vélo donc toujours en face du restaurant italien « Star Flower ». Nous avons convenu avec lui d’un périple d’une journée pour un coût de 50000 kyats soit 31 €. Le « plus » avec Peter San est qu’il parle un peu le français. Il souhaite d’ailleurs approfondir la maîtrise de la langue afin d’offrir un meilleur service. Départ à 8h du matin avec déjeuner prévu dans une famille du village de Kaw Gone en montagne. Voici l’itinéraire tracé sur une carte de la région.
Outre le fait de nous guider sur des chemins qu’il nous aurait été difficile de repérer par nous-même, Peter San s’attache à nous faire connaître sa région. Il connaît bien « SA » montagne et les habitants qui y vivent.
Des espèces tropicales cultivées
à flanc de montagne
Sur le parcours, les productions végétales locales se succèdent cultivées sur des parcelles de petites surfaces et l’on constate la présence fréquente d’espèces associées à la culture principale. Ces techniques visent à améliorer les rendements, une plante favorisant, par exemple, la croissance d’une autre par un apport d’élément naturel dans le sol ou encore l’une sert de support grimpant à l’autre. Voici quelques espèces rencontrées :
- l’avocatier qui permet trois récoltes par an! En fait, Peter San a le sentiment qu’il y a toujours des avocats à récolter toute l’année…
- le jacquier, le tamarinier, le pois d’Angole, le théier et bien sûr des espèces plus communes telles que le bananier , le maïs et même le tournesol…
- Jacquier
- Tamarinier
- Pois d’Angole
- Bananier
- Théier
- Tournesol
Un habitat traditionnel
De manière traditionnelle, les maisons sont construites sur pilotis. Les raisons en sont multiples, cela isole le plancher du sol évitant ainsi l’humidité voire les inondations mais également il s’agit d’une protection contre les animaux en particulier les serpents. Le bambou tient une place prépondérante dans la construction des habitations et en particulier la confection des « murs » et des cloisons. Il s’agit de panneaux tressés dont les motifs donnent à l’ensemble une belle esthétique. Autrefois recouvertes de « chaume », les toitures sont aujourd’hui en tôles.
- Un habitat traditionnel sur pilotis
Déjeuner
chez l’habitant
Une étape est prévue dans le village de Kaw Gone pour déjeuner dans une famille birmane. Notre hôte habite une grande maison sur pilotis. A l’image d’une habitation birmane, l’étage distribue les pièces habituelles de cuisine, d’une vaste salle où l’on prend les repas mais qui sert également de lieu de repos et des chambres. Un atelier de séchage des feuilles à enrouler les cigares s’étire sous la maison.
La cuisine ne comporte pas de table de cuisson! Une bouilloire noircit par des années de loyaux services repose sur la traditionnelle « cuisinière » dans laquelle ronfle un feu ardent. Peter San nous précise que la cuisson des aliments se fait toujours au feu de bois et cela dans toutes les familles du village… La maîtresse de maison s’active pour nous préparer le repas. Notre accompagnateur prête mains fortes! Pas de table ni de chaise dans la cuisine, un birman (membre de la famille?) prend son repas accroupi face au feu. Peu habitués à ce fonctionnement, nous ne savons pas trop où nous placer… Nous comprenons que notre place n’est pas ici mais dans la « salle-à-manger ».
La salle des repas ne comporte pas non plus de table ou de chaise. Des tapis recouvrent le sol. Au mur sont punaisées ce que l’on suppose être des photos de famille. Nous prenons notre repas dans cette pièce. Un repas composé, entre autres, de chips et d’un plat principal à base de nouilles, de légumes croquants, le tout recouvert d’une omelette.
A la fin du repas, « sieste obligatoire! » nous explique notre guide, suivie d’un temps de méditation…
Séance spéciale
Thanaka
Avant de reprendre le cours de notre promenade, nous demandons à Peter San de nous montrer l’utilisation du thanaka sur le visage. Le thanaka est issu du bois de Murraya exotica et vendu en petit rondin sur les marchés birmans. Le « thanaka procure une sensation rafraîchissante, protège de la brûlure du soleil, aide à lutter contre l’acné, rend la peau douce et a une action anti-mycosique » nous dit le site web Wikipedia. Le produit issu du frottement de ce bois contre une pierre avec un peu d’eau est étalé sur le visage et sur d’autres parties du corps exposées en soleil. Selon le modelé donné avec les doigts sur le visage, le motif apporte une esthétique spécifique. Voyons cela en images…
Les feuilles de Cordia myxa
se ramassent
à la pelle…
Sébestier ou Cordia myxa pour les intimes, est le nom de la plante cultivée dans la région. Ici, c’est la feuille que l’on va choyer, récolter, sécher et après? C’est elle qui va servir de linceul au fameux cigare local, le Cheroot! Nous avons eu l’occasion de découvrir la « fabrication » de ce produit haut de gamme. En effet, la première étape consiste à produire des feuilles de qualité et suffisamment grande pour accueillir le mélange servant à la confection du cigare. C’est donc dans le champs que nous découvrons la plante et son cultivateur. Il prend soin de retirer les feuilles basses afin de favoriser les feuilles hautes de la tige.
Après la récolte, tout se passe dans un atelier où l’on va méticuleusement prendre soin de chaque feuille. Nous entrons dans une pièce située sous la maison sur pilotis. Nous découvrons un alignement de plateaux remplis de petits cailloux posés sur le sol donnant à l’ensemble un air de vaste crêpière! En réalité, il s’agit d’une sorte de grand chauffe-plat dont la chaleur est obtenue par un feu de bois à l’image d’une cuisinière à l’ancienne. Nous avons le sentiment d’être les découvreurs de techniques inconnues chez nous!
C’est franchement original et pittoresque!
L’organisation de cet atelier nous laisse pantois. Une femme s’affaire au milieu d’un tas de feuilles. Par un geste sûr et rapide, elle retire la nervure principale. Ensuite, vient l’étalement des feuilles sur les plateaux lisses en acier. L’on dispose une à une chaque feuille sur ces derniers. Puis un plateau rempli de cailloux est posé sur les feuilles. Le but étant d’aplanir parfaitement les feuilles comme l’on disposerait des grains de riz lors de la confection d’une pâte à tarte mise au four! Après quelques heures de séchage, les feuilles seront disposées de manière à former un cylindre facilitant ainsi leur transport.
Et entre autres
rencontres…
La randonnée à pieds offre souvent l’occasion de découvrir des particularités de la vie des autochtones. Nous avons croisé une famille revenant d’un ramassage de bois pour le feu. Activité somme toute banale mais en décalage avec notre quotidien. Prendre du temps pour aller chercher du bois afin de cuire les aliments nous questionne… De même pour l’eau transportée dans des jerricans par deux villageoises. Il n’y a pas l’eau courante dans les maisons, des citernes sont installées au cœur des villages et les habitants viennent se servir.
Sur le chemin, espacés régulièrement sur le parcours, on trouve de petits abris dans lesquels des jarres d’eau pour se désaltérer sont mises à disposition des visiteurs, des passants.
- A la rencontre des habitants des villages de montagne
Into the wildlife
Nous prenons le temps d’apprécier les milieux naturels traversés. Sous ces latitudes, chaleur et humidité permanentes favorisent la biodiversité. Nous circulons à flanc de montagne et le paysage s’ouvre continuellement sur le lac Inlé!
Un retour par bateau
Le retour à Nyaung shwe s’est fait par bateau à partir du village de Maung Thauk où un batelier nous attendait réservé par Peter San.
Leave A Reply