Situé à une cinquantaine de kilomètres de Mawlamyaïne, la région de Hpa An nous a totalement charmé par ses paysages et la gentillesse de ses habitants. Nous y sommes allés par bateau et ce mode de transport a contribué à l’exotisme de cette découverte. Expérience à lire en cliquant sur ce lien « En barque de Mawlamyaïne à Hpa An ». Durant 3 jours, nous avons emprunté, à scooter, les routes et les chemins sinueux autour de Hpa An. Cette région est marquée par un relief karstique, des rochers en « pain de sucre » sont posés ici et là dans une plaine verdoyante recouverte de rizières et ponctuée par des palmiers. A l’intérieur des rochers, des grottes sculptées par des rivières souterraines depuis la nuit des temps servent de lieux de cultes bouddhistes. On y trouve donc des bouddhas debouts, couchés et assis! Partons à la découverte de ces lieux étranges encore préservés d’un tourisme de masse.
Le choix d’un déplacement en scooter
La région de Hpa an se prête parfaitement à un mode de déplacement en scooter. Les distances sont peu importantes et les routes sont dans l’ensemble praticables. Les hébergements proposent souvent la location d’un scooter. L’hôtel « Soe Brother 2 Guesthouse » nous a loué un scooter pour 8000 K soit 5 € la journée. Les scooters birmans sont en général plus puissants que nos scooters français entrée de gamme. Ici, la plupart des scooters sont équipés de moteur 100 cm3 au lieu des 49,9 cm3 en France. Cela permet de se déplacer facilement en duo sur un seul scooter…
Les principaux sites marquants de cette région sont relativement regroupés puisqu’ils sont installés au coeur du relief karstique environnant la ville de Hpa An. Ainsi, tout en vous déplaçant vers les différents lieux, vous profitez pleinement du paysage. Nous avons organisé nos visites sur 3 journées, chaque jour permettant la découverte de 2 ou 3 lieux différents.
Afin d’organiser les différents circuits, nous nous sommes appuyés sur les guides mais également à partir d’une carte fournie par l’hôtel Zwe Kabin situé au sud de Hpa An au bord de la route et auprès duquel nous avons pris quelques renseignements (sans y avoir séjourné).
Au sud ouest de Hpa An, journée du 15 octobre…
L’accès aux deux grottes visitées se fait en traversant le fleuve Salouen par un pont en fer assez imposant. Un checkpoint à l’entrée de ce dernier est matérialisé par une cabane et la présence de quelques militaires. Cependant, les contrôles ne sont pas systématiques… Après le pont en direction de la grotte Kaw Gon Cave, nous traversons des rizières et des marais. Sur le bord de la route, nous découvrons des maisons récentes et d’autres en construction. Maisons cossues à deux étages avec des colonnades, le jardin est fermé par une clôture en acier inoxydable attribuant à l’ensemble une esthétique que l’on pourrait qualifier de kitsch!
Kaw Gon Cave
Nous approchons du premier « rocher ». L’effet est saisissant! C’est notre première grotte et nous découvrons les statues de Bouddhas alignées nous montrant le chemin. Le site de Kaw Gon Cave est caractérisé par les nombreuses tablettes votives en terre cuite qui recouvrent les parois. Nous sommes à la fois novices et profanes face à cette architecture et ces sculptures mais il nous semble que l’ensemble est entaché d’anachronisme. En effet, le sol est recouvert d’un carrelage de type « salle de bain », ce qui nous semble parfaitement décalé au regard des œuvres qui nous entourent.
Le petit plus à Kaw Gon Cave…
A l’extérieur nous pouvons emprunter un escalier un peu raide mais qui permet d’accéder à un belvédère. Le point de vue est superbe, à ne pas manquer!! Une véritable estampe chinoise avec au premier plan la toiture dorée d’une pagode inscrite dans un écrin d’arbustes. Puis l’aplat de couleur vert fluo des rizières, ponctuées par des palmiers. Ces champs de riz sont irriguées par le fleuve Salouen divisé en plusieurs bras laissant place, à l’intérieur, à une île recouverte de cultures. Au loin, l’horizon se ferme sur une barrière de rochers, comme les murs d’une forteresse protégeant l’activité humaine.
Stars d’un jour!
A notre retour au parking, nous nous équipons afin de reprendre la route. Un groupe de touristes birmanes assis à l’arrière d’un Tuk-tuk nous observe avec insistance. Quelques jeunes filles nous sourient et pouffent entre-elles! Nous comprenons que les visiteurs occidentaux sont plutôt rares dans ces régions et nous constituons une sorte de curiosité. L’une des filles s’approche de nous et nous explique par des gestes qu’elle souhaite nous prendre en photo. Nous acceptons avec plaisir! En retour, nous leur proposons de les prendre en photos ce qu’elles acceptent avec joie! Cette initiative engendre des émules. D’autres birmanes se prennent au jeu… Nous ne sommes pas peu fiers d’être les stars d’un jour!!
Yathae Pyan Cave
Nous prenons la route de la seconde grotte… Située à seulement quelques kilomètres de la première, nous y parvenons vers 11h30. Son accès se fait par un plan d’eau qu’enjambe un petit pont. Nous apercevons, bien avant d’arriver, une large plaie dans le rocher. La grotte est impressionnante! Elle s’étend sur plusieurs dizaines de mètres…
La cavité est profonde et traverse la montagne. Là encore, les peintres et les sculpteurs ont utilisé les caprices de la roche. Des couleurs étonnantes issues des pigments naturels de la roche se mêlent aux différents nuances des œuvres dessinées par les artistes.
A l’instar de la plupart des grottes profondes et sombres, celle-ci abrite une colonie de chauve-souris (Miniopterus magnater pour les intimes). Des panneaux d’information précise les espèces concernées et les protections associées. De nombreux guides proposent de venir au coucher du soleil pour observer leur envol. Avec regret, nous n’en avons pas pris le temps…
Au sud de Hpa An, journée du 16 octobre…
Kyauk ka lat
A 20 mn de route de Hpa An, c’est sous la pluie que nous nous dirigeons vers Kyauk Ka Lat. Cette pagode est très originale par sa position sur le rocher. On la voit de loin! Modeste par sa taille, l’intérêt réside dans le paysage environnant et la particularité géologique du site. Le stupa érigé au sommet du piton rocheux est d’une grande poésie. Encore une estampe!
Située au centre d’un plan d’eau circulaire récemment restauré, la pagode est entourée de rizières à perte de vue. Un escalier étroit permet d’accéder (presque) au sommet. A l’entrée du site, un comité d’accueil un peu blasé nous délivre des tickets. Arrivés sur la dernière plateforme, un moine bouddhiste est installé, assis le long de la balustrade et prodigue ses conseils à un groupe de fidèles attentionnés et recueillis. Instant inhabituel pour nous occidentaux…
Lumbini Garden
Installé au pied du mont Zwe Ga Bin, le Lumbini Garden étend ses 1100 bouddhas comme pour marquer l’importance du plus haut massif de la région. Les bouddhas sont alignés et chacun d’entre-eux est assis sous un petit temple à quatre colonnes.
Dans ce parc, ce fut également l’occasion de découvrir une plante certes fréquente mais néanmoins curieuse par son comportement. Il s’agit de Mimosa pudica dont les feuilles se rétractent lorsqu’on les touche. Le tout en image avec les bruissements discrets du parc Lumbini…
Le site n’est en rien comparable aux autres grottes visités mais il s’en dégage une atmosphère particulière qui invite à la méditation…
Dans le prolongement du parc, un sentier permet d’accéder au sommet du mont Zwe Ga Bin en 3h de marche aller/retour. Il semble que cette randonnée soit une très bonne façon de découvrir la région. Le point de vue sur les rizières et les autres formations karstiques est paraît-il magnifique et vaut donc le déplacement. Nous ne l’avions pas anticipé et donc pas expérimenté…
Un habitat traditionnel
Sur le trajet, à l’aller comme au retour, nous avons pu observer des habitations typiques de cette région. Construites sur des pilotis, certaines possèdent un accès par un ponton fait de bambous. Les toitures sont souvent soit en roseaux soit recouvertes de tôles et les « murs » en bois ou en panneaux tressés.
Au sud est de Hpa An, journée du 17 octobre…
Les sites découverts lors de notre dernière journée à Hpa An sont les plus éloignés. Il faut compter 2h30 à 3h de route aller/retour.
Kaw ka Thaung Cave, entre Karst et rizières
Dès notre arrivée, nous sommes frappés par la profusion des couleurs recouvrant les sculptures y compris sur le rocher. Les birmans sont vraiment très forts dans la décoration . Kitsch stylé ou art de la décoration? On associe le kitsch à la surcharge voire au mauvais goût mais ce qui est kitsch pour certains ne l’est pas pour d’autres. A vous de juger! Quoi qu’il en soit l’ensemble ne laisse pas indifférent…
Sur la gauche en arrivant, une file de moines statufiés en procession se dirige vers la grotte.
En remontant l’allée à contresens de la file des moines, nous longeons un étang et après 200 m de marche, nous arrivons au village de Lat Ka Na.
Le petit village sur pilotis de Lat Ka Na
Lat Ka Na ne se traverse qu’à pieds ou en scooter. Le village borde les rizières et les maisons sont construites sur pilotis. On y trouve de nombreux bars et restaurants. Nous avons testé le Thalin et nous vous le conseillons. Sur un plancher en bois, vous dégustez des plats typiques pas chers avec vue sur les rizières et les montagnes au loin. Paysage idyllique!
Au centre du village, des jeunes birmans se baignent dans une piscine naturelle. Un arbre géant et majestueux jouxte la piscine.
L’après-midi, nous partons en direction de Sadan Cave, une longue route nous attend…
Sadan Cave, entre grotte et lac
Cette dernière visite de grotte se mérite. En effet, l’accès se fait par un chemin de terre rouge de plusieurs kilomètres. Les pluies tropicales tombées les derniers jours ont rendu le sol boueux et glissants et les passages réguliers des différents véhicules ont engendré des trous remplis d’eau rendant la conduite périlleuse. Après une heure de scooter ou chaque passage de nid de poule menace de nous étaler, nous arrivons enfin sur le site. L’accès à la grotte se fait par un escalier monumental au pied duquel veille deux éléphants blancs.
Nous devons nous acquitter d’un droit d’entrée de 1000 K/personne (0,6 €). La première cavité est immense! Un bouddha doré est couché sous un portique à colonnades, le tout éclairé par des guirlandes qui diffusent une lumière violet fluo, quasi ultra-violet! Sur les parois, des végétaux d’un vert tendre prennent leur place sur les concrétions calcaires.
En s’enfonçant plus en avant dans la grotte, nous traversons la montagne. Une odeur forte trahit la présence de colonies de chauve-souris. Après quelques minutes de marche, la lumière du jour envahit la grotte annonçant la sortie de la montagne sur un petit lac où nous attend des barques et leur rameur.
Promenade en barque
Pour 2000 K/personne, nous partons en promenade sur le plan d’eau avec retour au parking 25 mn plus tard. Nous naviguons tout d’abord dans une grotte nous permettant de passer d’un côté à l’autre de la montagne. Le niveau de l’eau est relativement haut et le passage sous la montagne se fait quasiment couché dans la barque. Très impressionnant! Nous glissons ensuite sur l’eau du lac parmi les nénuphars en fleur dans un silence tout juste perturbé par les bruits de la faune tropicale. Nous croisons un pêcheur au filet, le corps quasi intégralement dans l’eau, image étonnante… Comme si vous y étiez… en vidéo!
Quelques fragments de vie en Birmanie sur la route de Hpa An…
Sur le trajet du retour, nous avons eu l’occasion de découvrir quelques aspects de la vie birmane. En particulier, nous avons constaté à maintes reprises la forte visibilité des écoles au Myanmar. Les enfants sont partout et très reconnaissables dans leur uniforme vert et blanc! Souvent au cours de notre voyage nous avons croisé des groupes d’enfants, garçons ou filles, s’adonner à la pratique du balayage. Cette activité semble être un incontournable de la vie scolaire!
- Les balayeuses de Hpa An – 17 octobre 2017
Et à voir en images vidéo : Une ferme et sa meule de foin, un vacher et son troupeau, un match de foot, des enfants d’une école en récréation, un autre site de bouddhas statufiés en pleine nature…
Y a pas que des grottes à Hpa An!
Prendre le temps de flâner dans la ville est un bon moyen de se familiariser avec le quotidien des birmans. Parcourir les étals du marché alimentaire, aller à la rencontre des enfants d’une crèche et d’une école, tester la cuisine de la région font partis des actualités du voyageur…
Jour de marché dans les ruelles
Comme dans toutes les villes de Birmanie, le marché tient une place importante. La diversité des produits frais et la grande variété des couleurs qui en résultent sont toujours un enchantement pour les yeux. On ne dira pas la même chose des parfums! Les étals du marché sont installés dans des ruelles qui ne disposent pas d’équipements sanitaires récents ni d’évacuation des eaux de pluie efficace. En conséquence, la stagnation de l’eau et la chaleur ambiante engendrent une putréfaction des déchets de toutes sortes. L’odeur est parfois difficile à supporter… Cela n’est pas perceptible à l’image et laissons nous donc séduire par le chatoiement des couleurs et l’exotisme des situations.
A la rencontre des enfants!
Au Myanmar, les structures d’accueil des enfants, que ce soit les crèches ou les écoles, sont très visibles dans le paysage. Lorsque l’on circule à pieds ou à vélo dans les rues ou sur les routes de campagne, il n’est pas rare d’entendre chanter, à voix fortes, des groupes d’enfants. Cela a piqué notre curiosité et Anicette a poussé les portes de deux établissements pour aller à leur rencontre. Une crèche tout d’abord puis une école primaire ensuite, toute deux basées à Hpa an. Si les lieux ressemblent à ce que l’on connaît, il n’en reste pas moins que l’ambiance et le fonctionnement comporte quelques différences. Ce qui frappe tout d’abord est l’approche de la sécurité physique des enfants. Ces derniers circulent souvent pieds nus comme les adultes en fait. Par ailleurs, il est flagrant de constater que les aménagements des locaux provoqueraient des cauchemars à nos agents spécialisés dans la protection de la petite enfance! Par exemple, de simples clous font offices de patères et se trouvent être à hauteur de tête des enfants. Dans l’école primaire, l’institutrice propose aux enfants de chanter en se mettant debout sur leur banc ou leur table. Ces derniers semblent très à l’aise et développent une énergie communicative. L’équilibre sur les bancs est fragile mais ne paraît pas être une préoccupation de l’adulte. L’occasion pour nous de nous interroger sur le fonctionnement de notre modèle de société à l’occidental. Nous souhaitons tous que nos enfants vivent dans un environnement sécurisé mais celui-ci ne présente-t-il pas parfois une entrave à la liberté d’agir, de se mouvoir, d’inventer, de créer, de vivre tout simplement? Quel est le bon équilibre?
Nous avons testé…
Deux adresses de restaurants ont retenu notre attention dans la ville de Hpa An:
- « Luky 1 », situé dans le centre ville. Restaurant sans prétention fréquenté par les locaux et pas bien chers avec des plats simples…
- « Veranda Community Young » situé près du plan d’eau donc un peu plus éloigné du centre ville. La page Facebook indique qu’il s’agit d’une « entreprise sociale qui soutient le développement des jeunes dans l’Etat de Karen. » Le lieu est sympa, joliment décoré. Un personnel jeune et des plats bien préparés. Le service était un peu long mais à découvrir tout de même…
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