Vous avez déjà repéré notre identité… Non? Dans ce cas, prenez le temps de regarder le dessin ci-dessus, nos prénoms y sont inscrits! Enseignant et éducatrice de jeunes enfants, nous avons pris un congé sans solde pour effectuer ce voyage.
Vous avez déjà repéré notre identité… Non? Dans ce cas, prenez le temps de regarder le dessin ci-dessus, nos prénoms y sont inscrits! Enseignant et éducatrice de jeunes enfants, nous avons pris un congé sans solde pour effectuer ce voyage.
Le dernier jour de notre périple autour du lac Inlé, nous décidons de le consacrer à la découverte de la vie en montagne en compagnie de Peter San. Nous avons rencontré notre guide par hasard dans Nyaungshwe. Enfin pas tout-à-fait par hasard puisqu’il tient une petite « agence de voyage » à côté de notre loueur de vélo donc toujours en face du restaurant italien « Star Flower ». Nous avons convenu avec lui d’un périple d’une journée pour un coût de 50000 kyats soit 31 €. Le « plus » avec Peter San est qu’il parle un peu le français. Il souhaite d’ailleurs approfondir la maîtrise de la langue afin d’offrir un meilleur service. Départ à 8h du matin avec déjeuner prévu dans une famille du village de Kaw Gone en montagne. Voici l’itinéraire tracé sur une carte de la région.
Outre le fait de nous guider sur des chemins qu’il nous aurait été difficile de repérer par nous-même, Peter San s’attache à nous faire connaître sa région. Il connaît bien « SA » montagne et les habitants qui y vivent.
Sur le parcours, les productions végétales locales se succèdent cultivées sur des parcelles de petites surfaces et l’on constate la présence fréquente d’espèces associées à la culture principale. Ces techniques visent à améliorer les rendements, une plante favorisant, par exemple, la croissance d’une autre par un apport d’élément naturel dans le sol ou encore l’une sert de support grimpant à l’autre. Voici quelques espèces rencontrées :
De manière traditionnelle, les maisons sont construites sur pilotis. Les raisons en sont multiples, cela isole le plancher du sol évitant ainsi l’humidité voire les inondations mais également il s’agit d’une protection contre les animaux en particulier les serpents. Le bambou tient une place prépondérante dans la construction des habitations et en particulier la confection des « murs » et des cloisons. Il s’agit de panneaux tressés dont les motifs donnent à l’ensemble une belle esthétique. Autrefois recouvertes de « chaume », les toitures sont aujourd’hui en tôles.
Une étape est prévue dans le village de Kaw Gone pour déjeuner dans une famille birmane. Notre hôte habite une grande maison sur pilotis. A l’image d’une habitation birmane, l’étage distribue les pièces habituelles de cuisine, d’une vaste salle où l’on prend les repas mais qui sert également de lieu de repos et des chambres. Un atelier de séchage des feuilles à enrouler les cigares s’étire sous la maison.
La cuisine ne comporte pas de table de cuisson! Une bouilloire noircit par des années de loyaux services repose sur la traditionnelle « cuisinière » dans laquelle ronfle un feu ardent. Peter San nous précise que la cuisson des aliments se fait toujours au feu de bois et cela dans toutes les familles du village… La maîtresse de maison s’active pour nous préparer le repas. Notre accompagnateur prête mains fortes! Pas de table ni de chaise dans la cuisine, un birman (membre de la famille?) prend son repas accroupi face au feu. Peu habitués à ce fonctionnement, nous ne savons pas trop où nous placer… Nous comprenons que notre place n’est pas ici mais dans la « salle-à-manger ».
La salle des repas ne comporte pas non plus de table ou de chaise. Des tapis recouvrent le sol. Au mur sont punaisées ce que l’on suppose être des photos de famille. Nous prenons notre repas dans cette pièce. Un repas composé, entre autres, de chips et d’un plat principal à base de nouilles, de légumes croquants, le tout recouvert d’une omelette.
A la fin du repas, « sieste obligatoire! » nous explique notre guide, suivie d’un temps de méditation…
Avant de reprendre le cours de notre promenade, nous demandons à Peter San de nous montrer l’utilisation du thanaka sur le visage. Le thanaka est issu du bois de Murraya exotica et vendu en petit rondin sur les marchés birmans. Le « thanaka procure une sensation rafraîchissante, protège de la brûlure du soleil, aide à lutter contre l’acné, rend la peau douce et a une action anti-mycosique » nous dit le site web Wikipedia. Le produit issu du frottement de ce bois contre une pierre avec un peu d’eau est étalé sur le visage et sur d’autres parties du corps exposées en soleil. Selon le modelé donné avec les doigts sur le visage, le motif apporte une esthétique spécifique. Voyons cela en images…
Sébestier ou Cordia myxa pour les intimes, est le nom de la plante cultivée dans la région. Ici, c’est la feuille que l’on va choyer, récolter, sécher et après? C’est elle qui va servir de linceul au fameux cigare local, le Cheroot! Nous avons eu l’occasion de découvrir la « fabrication » de ce produit haut de gamme. En effet, la première étape consiste à produire des feuilles de qualité et suffisamment grande pour accueillir le mélange servant à la confection du cigare. C’est donc dans le champs que nous découvrons la plante et son cultivateur. Il prend soin de retirer les feuilles basses afin de favoriser les feuilles hautes de la tige.
Après la récolte, tout se passe dans un atelier où l’on va méticuleusement prendre soin de chaque feuille. Nous entrons dans une pièce située sous la maison sur pilotis. Nous découvrons un alignement de plateaux remplis de petits cailloux posés sur le sol donnant à l’ensemble un air de vaste crêpière! En réalité, il s’agit d’une sorte de grand chauffe-plat dont la chaleur est obtenue par un feu de bois à l’image d’une cuisinière à l’ancienne. Nous avons le sentiment d’être les découvreurs de techniques inconnues chez nous!
L’organisation de cet atelier nous laisse pantois. Une femme s’affaire au milieu d’un tas de feuilles. Par un geste sûr et rapide, elle retire la nervure principale. Ensuite, vient l’étalement des feuilles sur les plateaux lisses en acier. L’on dispose une à une chaque feuille sur ces derniers. Puis un plateau rempli de cailloux est posé sur les feuilles. Le but étant d’aplanir parfaitement les feuilles comme l’on disposerait des grains de riz lors de la confection d’une pâte à tarte mise au four! Après quelques heures de séchage, les feuilles seront disposées de manière à former un cylindre facilitant ainsi leur transport.
La randonnée à pieds offre souvent l’occasion de découvrir des particularités de la vie des autochtones. Nous avons croisé une famille revenant d’un ramassage de bois pour le feu. Activité somme toute banale mais en décalage avec notre quotidien. Prendre du temps pour aller chercher du bois afin de cuire les aliments nous questionne… De même pour l’eau transportée dans des jerricans par deux villageoises. Il n’y a pas l’eau courante dans les maisons, des citernes sont installées au cœur des villages et les habitants viennent se servir.
Sur le chemin, espacés régulièrement sur le parcours, on trouve de petits abris dans lesquels des jarres d’eau pour se désaltérer sont mises à disposition des visiteurs, des passants.
Nous prenons le temps d’apprécier les milieux naturels traversés. Sous ces latitudes, chaleur et humidité permanentes favorisent la biodiversité. Nous circulons à flanc de montagne et le paysage s’ouvre continuellement sur le lac Inlé!
Le retour à Nyaung shwe s’est fait par bateau à partir du village de Maung Thauk où un batelier nous attendait réservé par Peter San.
Cette ballade d’une journée sur le lac Inlé mérite à elle seule que l’on y consacre un livre! Il est en effet difficile de restituer en quelques lignes la diversité des villages, des paysages et des constructions sur pilotis imaginés par le peuple Intha, minorité ethnique de cette région, depuis la nuit des temps. Ce « boat trip » peut s’envisager de plein de façons et l’on peut partir de nombreux endroits du lac selon le lieu de votre hébergement. Cependant, de nombreux départs se font à partir du village de Nyaung U. C’est ce que nous avons fait. En se promenant dans la ville, nous sommes fréquemment abordés pour nous proposer une journée en bateau sur le lac. Il s’agit donc de connaître un peu en amont ce que vous souhaitez découvrir sachant que la plupart propose à peu près la même chose, les variantes étant surtout liées aux artisans rencontrés en fonction de l’affiliation de votre batelier avec ces derniers. Au programme, pêche traditionnelle sur le lac, villages sur pilotis, marché de Nam Pan, artisanat local et bien évidemment, pagodes et monastères. Un itinéraire sur carte permet de visualiser notre parcours d’une journée.
Nous avons loué les services d’un batelier qui s’avérait être le père de notre loueur de vélo. Pour info, celui-ci se situe dans une petite rue en face du restaurant « Star Flower Italian Pizza » au coeur de la ville. Ce petit commerce de location très modeste est tenu par un birman d’une très grande gentillesse et simplicité. La journée en barque exclusive (nous n’étions que deux!) nous a coûté 22000 kyats (soit 14€). Rendez-vous est pris pour un départ à 6h du matin!
A 6h du matin, notre batelier nous attend sur le lieu du petit commerce. Nous partons ensemble vers le canal. Ce détail a son importance car à cette heure matinale, nous partageons le début d’une journée d’activités sans le flot touristique. Nous croisons un groupe de moines en file birmane (c’est la même que la file indienne mais en Birmanie!) déambulant dans les rues à la rencontre des habitants qui les attendent pour leur offrir le repas du jour! Rituel dépaysant… Et puis il y a les gens que nous croisons qui saluent notre guide sans doute une figure locale compte tenu de son âge et de son activité de batelier. Cela participe à notre impression d’être déjà dans le cercle intime de cet humble birman.
Après quelques kilomètres de navigation sur le canal, le paysage s’ouvre sur le lac. Instant magique malgré le bruit provoqué par le moteur de la barque en échappement libre! A cette heure matinale, le soleil joue encore à cache-cache avec les montagnes. Au loin, nous apercevons une barque et son batelier. Une nasse en osier trône au milieu de l’embarcation. Il s’agit sans doute d’un pêcheur mais sa présence ici avec ce matériel traditionnel nous interpelle et nous faisons le lien avec la lecture des articles des guides de voyage qui nous alertent sur la présence de ces personnes à titre « folklorique »… Il s’agit sans doute d’un pêcheur de la minorité ethnique Intha (« Fils du lac ») montrant une technique traditionnelle qui semble aujourd’hui disparue d’un point de vue professionnelle.
En effet, lors de notre progression sur le lac, nous rencontrons d’autres pêcheurs avec leur filet qui ne semblent pas prendre « la pose ».
Dans les deux techniques, le pêcheur est debout sur la pirogue, enroule une jambe autour de la gaffe et rame ainsi tout en retirant son filet avec ses mains libres pour prendre le poisson. Sur le lac, nous croisons de nombreuses barques chargées de marchandises diverses très photogéniques dans la lumière éclatante et pure du matin.
C’est la signification du nom Inlé mais on en compte aujourd’hui plusieurs dizaines. Construites sur pilotis, les maisons colorées ont un charme fou! Ce sont des villages organisés comme sur la terre ferme, on y trouve donc des « rues-canaux » avec une électrification à l’identique. Ainsi, des poteaux électriques baignent dans l’eau mais ici, rien d’anormal, il ne s’agit pas d’une inondation soudaine. Les commerces, les hôtels, les restaurants et les services publics sont accessibles par bateau. Il n’est donc pas rare de croiser de frêles esquifs pilotées par de jeunes enfants aussi à l’aise sur l’eau que le seraient les nôtres avec leur vélo!
Un canal nous amène directement sur le lieu du marché et nous stationnons dans l’immense parking à bateaux. Grouillant d’activités le marché s’étire le long du canal sur la terre ferme. Commerces de légumes, de poissons, de fleurs et échoppes artisanales rivalisent de couleurs. Comme un peu partout en Birmanie, les marchés sont très photogéniques mais les odeurs pour le moins particulières limitent notre enthousiasme.
Le peuple Intha a développé des techniques artisanales qui perdurent encore aujourd’hui. Si certaines des activités se vivent un peu partout dans les pays du monde tels que le métier de forgeron dans le village de Seinkaung, d’autres sont très originales, les ateliers d’orfèvrerie dans le village d’Ywama par exemple ou la fabrication de pirogues de Nam Pan ou encore la confection de cigares roulés à la main par des femmes dans ce même lieu, le fameux Cheroot du lac Inlé. On trouve également d’importants ateliers de tissage de la soie et de la fibre de lotus à Inn Paw Khone.
Les habitants du village de Kela cultivent des jardins flottants (Floating gardens of Kela). La production de tomates tient une place importante. Le lac Inlé est le principal fournisseur de ce légume dans la région.
Nous avons découvert trois sites principaux, un monastère et deux pagodes. Au Myanmar on en visite beaucoup mais sur le lac Inlé, le peuple Intha a du développer des techniques spécifiques pour ériger ces édifices. C’est le cas de Nga Pha Chaung monastery appelé aussi le « monastère des chats sauteurs ». Pas moins de 650 poteaux de teck ont été nécessaires pour l’édifier.
Dans le village de Thar Lay, c’est la pagode Phaung-Daw U qui attire l’attention ou plutôt, en ce qui nous concerne, c’est le hangar qui jouxte la pagode et qui abrite la barge royale. En effet, très protégée, celle-ci ne sort de son abri qu’une fois par an à l’occasion de la fête aquatique des Inthas en octobre… Dans la pagode, des fidèles collent des petites feuilles d’or sur Bouddha devenu informe par ces offrandes successives!
Enfin, notre préférée fût la pagode Shwe Inn Tain à In Dein. Située au sud ouest du lac et accessible par un canal sur quelques kilomètres, sa particularité réside dans l’accès couvert de 600m qu’il faut parcourir pour y parvenir. De plus, de part et d’autre de ce passage couvert à colonnes, des dizaines de stûpas en ruine apparaissent dans la végétation. Véritable plaisir de déambuler ainsi parmi ces édifices en briques rouges à la forme gracieuse pour enfin accéder à la pagode, elle-même étonnante par le contraste des stupas alignés blanc et or.
Malgré un nombre de touristes en augmentation, nous avons aimé cette journée passée sur le lac. Ces dimensions sont telles que l’impression d’être seuls sur l’eau est réelle! Certes les bateliers vous amènent dans les ateliers dans l’espoir que vous sortirez votre carte de crédit. Nous avons rencontré un couple de touristes surpris d’être transportés d’un atelier à un autre semble-t-il sans l’avoir demandé. Il est effectivement important de se mettre d’accord par avance sur le trajet envisagé. L’artisanat se maintient sans doute grâce au tourisme mais cela ne prend pas, de notre point de vue, des proportions choquantes sur ce lieu. Il reste le sentiment d’avoir vécu quelque chose d’unique notamment lors de la traversée des villages sur pilotis. Observer les habitants se déplacer et vaquer à leurs occupations en barques est d’une grande poésie.
Située au nord du lac Inlé, la ville de Nyaung U présente les caractéristiques d’une cité ouverte au tourisme mais qui a su garder encore son âme. Aménagée selon un plan simple de rues perpendiculaires, il est facile d’en faire le tour en se dirigeant vers le canal principal qui conduit sur le lac. Hormis l’animation typique d’une ville « d’eau » autour de son canal, nous avons été marqués par une activité classique et incontournable liée à la circulation dans la ville, il s’agit de l’entretien des voies routières.
Au Myanmar, cette activité est organisée autour du recrutement d’un personnel nombreux et rémunéré à la tâche. Selon notre guide Peter San, les personnes recrutées pratiquent ce métier au gré des chantiers qui se présentent. Ce sont donc en général des travailleurs itinérants. Jusqu’ici, rien de bien original… Mais c’est l’organisation du chantier et surtout les moyens techniques utilisés qui nous ont interpellés. Dans la majorité des cas ce sont les femmes qui transportent les cailloux servant à confectionner la couche de roulement de la voie carrossable. Pour l’avoir également observé sur d’autres lieux, le transport des granulats utilise une méthode assez sommaire, chaque femme portant une quantité relativement négligeable dans un récipient incurvé…
Ce qui est frappant c’est le contraste entre l’utilisation d’une mini-pelle qui semble tout-à-fait performante et récente pour réaliser la tranchée nécessaire à la pose des cailloux et le comblement de cette dernière en utilisant la main d’oeuvre dans sa plus simple expression. Je n’ai pas à porter de jugement sur cette organisation, ne connaissant pas les tenants et aboutissants économiques d’un tel chantier mais je ne peux éviter le questionnement… Une hypothèse, la rémunération sans doute très basse de la main d’oeuvre féminine est telle que l’utilisation d’un matériel technique aussi basique que la brouette véhiculée par un homme revient peut-être plus cher… Quoiqu’il en soit, pour un occidental, le balai incessant des femmes transportant toute la journée leur maigre butin est pour le moins étrange!
Petit clin d’œil technique, observons à la fin de la vidéo la pose des cailloux à la main dite « en hérisson », technique que l’on apprend dans les manuels professionnels mais qui n’a plus cours aujourd’hui sur nos chantiers de génie civil exceptée peut-être dans le cadre d’un petit aménagement privé.
C’était un jour de juin 2017… « Et si on partait pour un voyage autour du monde! »
C’est un peu en ces termes que nous avons décidé de partir pour 7 mois, de septembre 2017 à fin mars 2018.
Retrouvez dans ces pages les principales démarches et notre périple au jour le jour :
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