C’est la grosse île en face de Mawlamyaïne par laquelle on accède par un pont (les guides indiquent une traversée par bateau mais ça n’a pas été notre choix). D’une longueur de 30 km sur 15 km de large, elle se visite en une journée.
Un transport en tuk tuk
Notre choix a été le fruit du hasard. C’est en se promenant dans Mawlamyaïne que nous avons fait la connaissance de Kiaw moe (dite « Tcho mo »). Il nous a gentiment interpellé et proposé de nous servir de guide pour le lendemain. Après quelques négociations, nous convenons d’un prix de 30000 Kyats soit 18 € . Rendez-vous est pris pour le lendemain 8h devant notre hôtel.
A l’heure dite, pas vraiment habitués à ce genre de transport, nous avons été surpris de découvrir notre guide installant deux sièges de jardin en plastique à l’arrière de son « Pick up ». Au premier abord, situation un peu incongrue que de se retrouver assis à l’arrière d’un véhicule dans ce genre de siège mais à l’usage, cela s’est finalement révélé pratique et plutôt confortable. Nous pensons tout de même que nous avons bien fait rire les autochtones…

Notez l’installation originale mais néanmoins confortable
Nous voilà donc parti pour la découverte de l’île. Tcho mo habitant lui-même sur celle-ci, nous lui avons demandé de visiter son village ce qu’il a accepté avec plaisir…
Un village Birman
Nous découvrons un village dont les maisons sont construites sur pilotis. Pour nous, d’une grande originalité, nous constaterons qu’il s’agit en fait d’un mode de construction commun en Birmanie et en Asie d’une manière générale. Nous avons compris que cela permettait de se protéger des animaux rampants ou autre, d’être isolé de l’humidité du sol et permettre ainsi une meilleure circulation de l’air.

Maison typique sur l’île des Ogres
Au Myanmar, la maison d’habitation abrite plusieurs générations. Tcho Mo et sa femme ont la charge de faire vivre ses parents. L’essentiel des revenus est assuré par Tcho Mo dans son activité de transport de touristes et par sa femme avec la vente des produits de sa petite épicerie. Leur revenu mensuel est très fluctuant et dépendant de l’activité touristique. Aussi, il s’échelonne de 100 à 200€ par mois. Cela peut paraître peu comparé au SMIC français (et c’est le cas bien sûr) mais au Myanmar, selon Tcho Mo, ce revenu est tout-à-fait honorable car de nombreuses personnes gagnent entre 50 et 100€ mensuel. C’est le cas, par exemple, des employés (es) des péages de routes (fréquents par exemple pour payer un droit d’entrée dans une ville ou village) qui gagnent au mieux 75 € par mois, postes souvent occupés par des femmes.

« Tcho Mo » et sa famille devant sa maison

Au rez-de-chaussée, une petite épicerie tenue par la femme de Tcho Mo
Un artisanat local très développé
La mondialisation n’est pas encore arrivée jusqu’ici! L’île des Ogres réussit à maintenir un artisanat local dynamique. Chaque village a développé un savoir faire spécifique et original au regard de ce qui se pratique, ou plutôt se pratiquait en France. La production d’élastiques à partir de la sève de l’hévéa, la fabrication d’ardoises pour les écoliers, de crayons en bois, de chapeaux en bambou ou encore de tapis de sol en roseaux, autant d’activités originales que l’on vous propose de découvrir dans ces pages.
De l’arbre vert à l’élastique orange
Rien de plus banal qu’un élastique mais connaissez vous le processus de fabrication ? Ici, pas d’industrie pétrochimique mais simplement un petit atelier installé autour de la maison sur pilotis. La matière première provient de l’arbre à caoutchouc, l’hévéa, planté sur de vastes surfaces autour du village de Ywa Lut. La sève est récoltée dans un petit bol fixé sur l’arbre à un mètre du sol. Le précieux liquide s’écoule par une incision faite dans l’écorce. A cette matière laiteuse, on ajoute de l’ammoniac et on fait bouillir le tout. On ajoute ensuite le colorant et on fait tremper des tubes dans ce mélange que l’on met à sécher. A ce stade, on se retrouve avec une longue chaussette colorée qu’il suffit de massicoter pour former des élastiques. Un dernier séchage et le tour est joué !
De la plantation d’hévéas à l’élastique…
Mon ardoise d’écolier à Mu Doon
Mu Doon, capitale de l’ardoise! C’est sans doute exagérée mais des ateliers familiaux vivent de cet artisanat.
Nous avons rencontré une famille qui fabrique cet outil encore très utilisé dans les écoles birmanes. L’ardoise provient d’une carrière proche du village en dalles découpées mais brutes de finition. Un passage au rabot permet d’obtenir une surface lisse. Un cadre en bois assure la finition. Les crayons sont également en ardoise confectionnés à l’aide d’une machine. « Bic » n’est pas le bienvenu à Mu Doon Village!
Le lissage de l’ardoise exige un certain coup de main…
Chapeau bas pour chapeau rond et chapeau pointu!
Sur notre parcours, rencontre d’une famille qui fabrique des chapeaux en bambou. La matière première est prélevée à la base de bambous géants puis cette pseudo écorce est ensuite découpée et assemblée à l’aide de matériaux simples.
Les écorces des bambous destinées à la fabrication des chapeaux font l’objet d’un commerce et l’on n’hésite pas à les transporter…
Où le crayon « Bic » n’a décidément pas sa place…
Un petit atelier de fabrication de crayon en bois local développe un savoir-faire unique. A l’aide de fraises et ponceuses mues par des courroies fonctionnant à l’aide d’un antique moteur thermique, des artisans confectionnent des crayons à réserve d’encre dans la masse. Nous avons été émus par l’ambiance de cette scène, installés au rez-de-chaussée, c’est-à-dire sous la maison en pilotis, le moteur émet un ronronnement régulier, l’ensemble est digne d’un « Géotrouvetou ». En image…
Assis sur mon tapis…
Au sud de l’île, sur le bord de la route, nous découvrons des feuilles de roseau soigneusement couchées sur le sol. Au delà de l’incongruité de la scène, cette pratique relève d’un artisanat local affirmé. Il s’agit de la confection de tapis de sol en roseau. Ces derniers sont ici très réputés pour leur grande résistance au piétinement. De nombreuses familles de ce village possèdent leur propre atelier. En voici les principales étapes: le roseau, en réalité une plante du genre Carex pour les puristes, est récolté dans les marais alentour puis mis en bottes pour leur transport. Au village, les feuilles sont étalées à même le sol afin de les faire sécher au soleil. Ensuite, les feuilles sont assemblées judicieusement par des mains très agiles.
Le résultat final est de toute beauté et le prix, pour nous, est dérisoire au regard du travail réalisé. Nous avons malheureusement perdu les informations à ce sujet…
A la rencontre des écoliers…
L’île des Ogres comporte de nombreuses écoles et ça se voit autant que cela s’entend! En effet, la traversée des différents pays d’Asie du sud-est nous permet d’affirmer qu’en Birmanie, les écoles se remarquent plus qu’ailleurs et sur cette île encore davantage. Tcho Mo a donc eu la gentillesse de nous faire rencontrer les enfants en rentrant dans les établissements scolaires. L’accueil est des plus chaleureux! La communication verbale reste difficile mais les sourires et les saluts bienveillants la remplace parfois efficacement.
Des habitants et des paysages…
Parcourir l’île des ogres c’est aussi traverser des villages et contempler des paysages originaux. En revanche, difficile d’échapper au dépôt sauvage de déchets en tout genre, problème récurrent en Birmanie.
Rizières parsemées de palmiers et plantations d’hévéas constituent l’essentiel du paysage de l’île. Les buffles sont également très présents.
Enfin, il n’est pas rare de croiser, sur la route, des habitants défilant en dévouement à bouddha, les birmans étant très impliqués dans la religion bouddhiste. Voyons cela en image…
Cette journée sur l’île des Ogres fut pour nous un excellent moment de découverte de la vie en Birmanie. Voici les coordonnées de Tcho Mo qui se fera un plaisir de vous guider… Il parle un petit peu l’anglais.
Kiaw Moe (dit « Tcho Mo ») Tel : 09968348219
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