Il est difficile de trouver un titre évocateur à cette ville tentaculaire. Au premier abord, nous avons eu envie de fuir et dans le même temps nous voulions mieux la connaître. Précisons que nous sommes arrivés le soir à la nuit tombée, sous la pluie et une chaleur étouffante. Ajouter à cela, de sérieux problèmes digestifs, « tourista » attrapée sans doute à Kuala Lumpur. Nous avons réservé dans le downtown pour être au cœur de la ville. Nous avons ensuite changé de secteur pour se rapprocher de la Shwedagon, quartier considéré comme plus vert, plus riche…
Nous sommes restés 7 jours à Yangon et nous en avons profité pour utiliser le train circulaire, cela fait l’objet d’un article spécifique.
Deux voyageurs occidentaux dans la ville…
Avant de partir à la découverte des monuments et autres curiosités de Yangon, nous souhaitons livrer quelques impressions ressenties lors de notre arrivée…
L’ambiance est difficile à retranscrire. Entre les bruits des véhicules et le concert de klaxons puis l’agitation de la ville, il faut tenter de s’imaginer déambuler dans les rues. Les odeurs participent également et particulièrement une odeur que nous pensions au début être le produit d’un mélange d’égout et de décomposition de déchets en tout genre et qui s’est révélée être aussi issue de préparation culinaire spécifiquement asiatique (on trouve ce parfum également en Thaïlande). Nous n’avons pas vraiment réussi à en déterminer l’origine précise, la fermentation du bambou, plat dont les birmans sont friands y participe parfois. Odeur désagréable pour nous donc au même titre que le subtil parfum (on sait, on est chauvin!) que libère nos fromages pour un touriste asiatique qui se promènerait dans un marché d’un village de montagne! Disons que les odeurs proviennent un peu de tout cela…
Détail qui peut paraître anodin mais qui prend toute son importance, lorsque l’on se promène dans les rues, est la construction même des trottoirs. En effet, à la différence des villes européennes, les trottoirs permettent l’accès en permanence aux eaux pluviales (et usées ?) car l’écoulement se fait sous le trottoir et des dalles recouvrent la rigole. Ce n’est pas un problème en soi sauf qu’ici les dalles sont pour la plupart défoncées et parfois absentes. De nombreuses fois, nous avons vu des rats venir en surface et réintroduire leur espace par les nombreux trous du trottoir.
Je chique, tu chiques, ils ou elles chiquent…
A cela s’ajoute une habitude de cracher que plus de la moitié des birmans ont prise. Nous nous sommes habitués aux bruits, aux trottoirs défoncés, à la marche difficile dans les rues mais pas à cette manie. Une petite explication s’impose… Plus de la moitié de la population chique le bétel, un mélange fait d’une feuille de bétel, d’un peu de chaux , d’un morceau de noix d’arec de couleur rouge, d’épices et de tabac. Résultat, les gens crachent rouge ! Ce phénomène est un véritable problème sanitaire car les effets de cette pratique sont dévastateurs pour l’appareil dentaire. A 30 ans, la dentition est dévastée et les gencives rongées par la chaux. Nous n’avons pas testé mais il semblerait que ce mélange procurerait une sensation apaisante, sert de stimulant et de coupe-faim. Nous pouvons vous assurer qu’entretenir une conversation, en maintenant le regard avec politesse, avec une personne adepte de cette pratique est franchement difficile.
Cet aspect de la vie des birmans n’est pas souvent relaté ou à demi-mot par respect pour la population sans doute mais nous pensons que cela doit être dit sans jugement mais en faire abstraction peut être considéré comme de la condescendance. Les guides font référence au pittoresque des quartiers, à l’architecture désuète des maisons et immeubles coloniaux et tout cela est vrai mais doit-on enjoliver les situations pour autant. Il y a une réalité, c’est la vie des gens et parfois cela nous perturbe.
Tout le monde en jupe!
La tenue vestimentaire des birmans attire également notre regard. Nous constatons d’emblée un soin particulier apporté au vêtement. Cela aussi contraste avec l’ambiance décrite plus haut.
Hommes et femmes sont en jupe! Il s’agit du traditionnel longyi, un sarong porté par les deux sexes, confectionné à partir d’un tissu noué autour de la taille. Souvent très coloré et varié pour les femmes, plus « classique » pour les hommes, à carreaux bleus, gris ou marrons…
Downtown et Chinatown, quartiers populaires
Ce sont les deux quartiers proches du fleuve au sud de la ville. Des rues grouillantes de vie, où les boutiques se succèdent, déversant leurs articles jusque sur le trottoir. Des restaurants ambulants qui tentent de se positionner entre et devant les boutiques.
Comme nous l’avons précisé, la marche à pied est difficile car les trottoirs sont soit encombrés soit inexistants. De plus, la circulation est dense et permanente. Malgré ces difficultés, il est possible de découvrir les deux quartiers sur une petite journée.
Le regard est sans cesse sollicité par les multitudes d’éléments nouveaux ou différents de ce que nous connaissons. Des immeubles des années 50 aux façades défraîchies et noircies par le temps. Entre ces derniers, des vestiges de la période coloniale très abîmés également voire abandonnés.

De nombreux bâtiments coloniaux se dégradent et sont parfois abandonnés. En zone tropicale, la végétation reprend ses droits…
Chinatown est dans la continuité de Downtown et il n’est pas facile au premier coup d’œil de les distinguer. L’ambiance est assez semblable si ce n’est, en effet, des inscriptions en chinois sur les façades des boutiques. Nous avons cependant constaté une façon différente de présenter les produits alimentaires des marchands, restaurants y compris. Par ailleurs, c’est le quartier où nous avons trouvé de quoi boire une bière !
Si vous en avez le temps et le courage, pousser la balade jusqu’à l’embarcadère au sud de Downtown. Il y a un marché au pied du passage piéton aérien qui vaut le coup d’œil, agitation spécifique due au débarquement/embarquement des passagers des ferrys qui empruntent le fleuve.
Shwedagon pagoda et le quartier autour du site
Il y a l’édifice en lui-même…
La découverte de ce type d’édifice est pour nous une première, aussi, notre regard est celui du profane sans référence particulière sur l’architecture. En effet, lorsque nous découvrons un nouveau monument religieux ou civil en Europe, nous l’analysons en fonction de notre expérience, style roman, gothique ou autre, y compris arabe. Ici, rien de tel!
Pour nous, selon nos références, la Shwedagon pagoda nous apparaît très kitsch. Tout est recouvert d’or ou doré à la peinture. La forme de l’édifice est étonnante si l’on ne connaît pas l’histoire du bouddhisme et c’est notre cas lorsque nous le découvrons. Bien sûr, avec le recul et les découvertes futures au cours de notre périple, nous n’aurons plus tout-à-fait la même impression…
La Shwedagon est donc LE monument religieux le plus important pour les birmans. Il y a 4 accès possibles à l’édifice principal. Chaque accès est constitué d’un long et large escalier couvert le long duquel sont installés des boutiques de souvenirs et bibelots divers.
Nous y sommes allés par deux fois. Une fois le soir à la nuit tombée et une autre fois le matin. Dans les deux cas, beaucoup de monde…
L’édifice principal que l’on appelle Stupa, en forme de cloche est effectivement impressionnant par ses dimensions. Chaque partie du monument fait référence a des éléments clés du bouddhisme (bol inversé du moine, ombrelle au sommet…). Tout est or et/ou en or!
On y vient seul ou en famille, sans doute un pèlerinage pour certains croyants.
… et la vie autour de la Shwedagon!
Pour nous, l’intérêt réside autant dans l’observation de la vie des gens dans le quartier que la Shwedagon en elle-même. Le contraste entre la richesse du monument sacré et les équipements sommaires dans lesquels vivent les habitants est frappante! Nous constatons que les rues et l’activité commerçante qui s’y déroule ressemble en tout point à Downtown ou Chinatown.
Des vendeurs ambulants en tout genre et des restaurations de plein air plus ou moins improvisées. Les habitants se retrouvent très souvent au restaurant et l’ambiance qui y règne est parfois étonnante. Le personnel de service s’agite autour de la marmite pour servir les nombreux clients qui s’y pressent.
En vidéo c’est encore plus parlant…
Des commerces de bouddhas blancs!
Autour de la Shwedagon, de nombreux commerces vendent des statues de Bouddhas. Certains d’entre eux sont étonnants par le nombre d’objets présentés et l’homogénéité du matériau. Nous avons trouvé ces lieux particulièrement photogéniques!
Les sourires inoubliables et la gentillesse des birmans
Nous avons beaucoup parlé de ce qui nous a dérangé en arrivant au Myanmar concernant les crachats des birmans, les odeurs… et il est temps de rétablir l’équilibre en relatant ce qui n’est pas une légende! Nous avons fait la connaissance d’un peuple qui vit dans des conditions difficiles mais qui n’oublie jamais d’accueillir ceux qui viennent à sa rencontre. Les sourires des birmans(nes) sont quasi permanents et ils se mettent en quatre pour vous être agréable. Nous nous sentons en sécurité partout où nous allons. L’article porte ici sur Yangon mais cette partie pourrait tout aussi bien être copiée/collée dans tous les articles en Birmanie.
Quelques conseils pratiques…
Hébergement : Dans le Downtown, nous avons logé à Sule Sapphire Inn pour 35 €/nuit. Un établissement simple mais très bien tenu par une famille à votre écoute. Pour l’anecdote, nous n’étions donc pas très en forme en arrivant à l’hotel. Au petit déjeuner, nous avons demandé s’il y avait une banane. La patronne s’est excusée en expliquant que ce matin là il y avait de la pastèque. Bien sûr nous acquiesçons et quelques minutes plus tard elle revient avec une partie d’un régime soit 17 bananes gratuitement… Il s’agit là d’un simple exemple mais qui montre bien l’attention qu’elle nous porte!
Nous avons ensuite logé dans le quartier de la Shwedagon au Mercrant art boutique hotel. Rien à dire sur le service (presque trop à l’image des grands hotels) mais plus du tout familiale pour un tarif plus élevé de 45€ la nuit.
Déplacement en taxi: Il y en a partout, il suffit de marcher dans la rue et d’interpeller… et pour pas très cher. Pour un déplacement dans la ville, compter 3000 Kiats soit à peine 2€.
Pourquoi aller à Yangon?
Nous avons passé 7 nuits à Yangon, en partie car nous avions besoin de récupérer… Les deux premiers jours ont été passés à l’hôtel ou alentour! En étant en forme, les quartiers populaires et la Shwedagon pagoda sont à découvrir. Avec le recul et même si nous avons passé des moments difficiles dus à la tourista, parcourir la ville est un bon moyen pour découvrir la vie des habitants et leur fonctionnement au quotidien. Par ailleurs, nous conseillons vivement de prendre une demi-journée ou une journée pour emprunter le train circulaire, moment inoubliable!
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