Située au nord du lac Inlé, la ville de Nyaung U présente les caractéristiques d’une cité ouverte au tourisme mais qui a su garder encore son âme. Aménagée selon un plan simple de rues perpendiculaires, il est facile d’en faire le tour en se dirigeant vers le canal principal qui conduit sur le lac. Hormis l’animation typique d’une ville « d’eau » autour de son canal, nous avons été marqués par une activité classique et incontournable liée à la circulation dans la ville, il s’agit de l’entretien des voies routières.
Au Myanmar, cette activité est organisée autour du recrutement d’un personnel nombreux et rémunéré à la tâche. Selon notre guide Peter San, les personnes recrutées pratiquent ce métier au gré des chantiers qui se présentent. Ce sont donc en général des travailleurs itinérants. Jusqu’ici, rien de bien original… Mais c’est l’organisation du chantier et surtout les moyens techniques utilisés qui nous ont interpellés. Dans la majorité des cas ce sont les femmes qui transportent les cailloux servant à confectionner la couche de roulement de la voie carrossable. Pour l’avoir également observé sur d’autres lieux, le transport des granulats utilise une méthode assez sommaire, chaque femme portant une quantité relativement négligeable dans un récipient incurvé…
Ce qui est frappant c’est le contraste entre l’utilisation d’une mini-pelle qui semble tout-à-fait performante et récente pour réaliser la tranchée nécessaire à la pose des cailloux et le comblement de cette dernière en utilisant la main d’oeuvre dans sa plus simple expression. Je n’ai pas à porter de jugement sur cette organisation, ne connaissant pas les tenants et aboutissants économiques d’un tel chantier mais je ne peux éviter le questionnement… Une hypothèse, la rémunération sans doute très basse de la main d’oeuvre féminine est telle que l’utilisation d’un matériel technique aussi basique que la brouette véhiculée par un homme revient peut-être plus cher… Quoiqu’il en soit, pour un occidental, le balai incessant des femmes transportant toute la journée leur maigre butin est pour le moins étrange!
Petit clin d’œil technique, observons à la fin de la vidéo la pose des cailloux à la main dite « en hérisson », technique que l’on apprend dans les manuels professionnels mais qui n’a plus cours aujourd’hui sur nos chantiers de génie civil exceptée peut-être dans le cadre d’un petit aménagement privé.
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